Le blog de Chouilla

SEL- SOUFRE - MERCURE

SOUFRE - SEL – MERCURE V3.2

 

INTRO : (2min40)

 

Il était une fois, dans le lointain pays de « Mendeleïev » deux grandes familles qui se disputaient le pouvoir : Les « Mercuri » et les « Sulfura ».

 

Les puissants Sulfura brillaient de mille feux lors de leurs fêtes somptueuses et dépensaient sans compter. Ils parlaient sans arrêt et à toute vitesse sans jamais écouter. On pense même qu’ils étaient sourds.

 

Les « Mercuri », eux, hé ben ils ne l’ouvraient jamais. Ils entassaient leur fortune sur les propriétés d’autrui selon la bonne vielle méthode « ce qui est à toi est à moi ». Tous ceux qui sont rentrés en contact avec eux s’en souviennent. Demandez-donc à l’Or, il en est resté tout pâle. Une rumeur les dits détenteurs d’un immense savoir mais comme ils sont plus muets que les carpes, allez savoir !

 

Ces deux familles avaient une fille « Chloria Sulfura » et un fiston « Sodio Mercuri ». Ce dernier,bonne pâte et très stable fit la rencontre de la piquante et vaporeuse Chloria qui, comme tous les « Sulfura » était prompte à s’enflammer. Un beau soir d’été, ou était-ce le printemps ? Bon ok, on s’en fout. Un beau soir, donc, ces deux êtres que tout séparait se croisèrent néanmoins au « grand bal des éléments ».

 

Au premier regard ce fut le coup de foudre et, au cours d’une chimie des corps que la décence m’interdit de raconter ce midi, ils mélangèrent leurs protons et électrons tant et si bien que, quelque temps plus tard, naquit le petit « Sali ».

 

Ni les fiers « Sulfura » ni les savants « Mercuri » ne voulurent reconnaître ce vil bâtard. Mais Sali avait la beauté des enfants de l’amour. S’il était un puits de sciences comme les « Mercuri », il s’exprimait avec la clarté du cristal. Quand il recevait la lumière, il pouvait au choix la refléter ou la décomposer en couleurs. Une simple baignade transformait à jamais les propriétés de l’eau et tous les aliments recherchaient son contact pour s’épanouir de leur meilleur goût. Ses qualités évidentes le rendirent bientôt indispensable à la vie dont il fut d’ailleurs sacré le sel.

 

[MUSIQUE 1 : 31 sec, total 3min10)

 

 

 

PREMIER CONTACT AVEC LES SYMBOLES (2 min40, total 5min50)

 

Si je vous raconte cette histoire à endormir les petits enfants, c’est à cause de mon premier séjour dans le cabinet de réflexion où je n’ai pas récolté que des engelures et où la rumeur m’avait prédit la présence surprenante d’objets bizarres.

 

Le crâne, je m’y attendais un peu mais ça fait toujours son effet. Le coq par contre m’a surpris. Mais les éléments chimiques, alors là ! Qu’est-ce que ça foutait là ?

 

C’était sûrement des symboles mais qu’est-ce que j’y connaissais aux symboles moi ? Je me souviens encore de la question lors de ma première enquête : « Vous intéressez-vous au symbolisme ? » Et moi, grande gueule comme toujours,  « Oh oui, bien-sûr ! ». Tu parles Charles ! En-dehors de quelques symboles de math qui ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable, je n’y connaissais « que pouic ».

 

Et voilà que tout à coup, je me retrouvais confronté aux premiers symboles de mon parcours initiatique. De retour à la maison, je me plonge dans mon manuel de l’apprenti et j’y découvre que le soufre représente l’énergie expansive, donc un principe actif masculin, tandis que le mercure représente le principe attractif féminin (ah ah, c’était donc ça …) et que le sel qui résulte de l’action du soufre sur le mercure  est donc l’agent équilibrant. Ces symboles retrouvent un rappel dans le temple, Boaz pour le mercure, Jaquim pour le souffre et le linteau pour le sel.

 

Me voilà fin ! J’ai bien-sûr consulté les quelques ouvrages que j’avais sur le symbolisme. Les symboles y sont décrits et analysés mais rien ne m’indique comment je peux m’en servir. Heureusement, un peu plus loin dans le manuel, il est expliqué qu’il faut s’approprier les symboles pour y trouver une signification personnelle. C’est déjà une indication mais comment diable fait-on pour « s’approprier » un symbole ? Je présume que je suis sensé découvrir mon propre « mode d’emploi ».

 

Je ferme les yeux et tente de ressentir ces symboles en moi. Je commence avec le mercure. J’imagine cette goutte métallique ronde et dense et puis ... et puis rien, nada, que dalle ! J’essaye avec le souffre. Pas mieux. Après plusieurs tentatives infructueuses, une évidence fait doucement son chemin en moi ; si je veux m’approprier un symbole, je dois devenir ce symbole.

 

 

 

(2min45, total 8min35)

LE MERCURE :

Après avoir fait le vide, je ferme les yeux et je m’imagine être la goute de mercure.

Je me sens dense et lourd. Immobile et muet, j’entends ce qui se passe autour de moi.

Je sens la chaleur et le froid.

 Je me contracte sous le froid et me dilate sous la chaleur.

Je me nourris de toutes mes sensations et je deviens la sensualité.

Je deviens femme, je séduis le monde qui me pénètre et je porte mes enfants en moi.

Je suis lourde du poids de mes responsabilités et de mes remords.

Quand je suis mercure, je ressens, je reçois et j’apprends.

Plus je ressens, plus j’apprends et plus je reçois, plus je deviens lourde et dense.

Je deviens tellement dense que peu à peu, j’aspire le monde qui m’entoure et le fais moi.

Je contiens tout le savoir de mon monde.

Quand je suis le mercure, tel un trou noir dans l’espace, j’absorbe peu à peu l’univers et la lumière pour mieux les posséder.

Hermétique, je ne laisse plus rien s’échapper de moi.

Gavée d’hormones, comme ivre d’alcool, j’ai le cœur au bord des lèvres.

Quand j’ai englouti tout mon univers, je suis tellement lourde et dense que j’ai besoin d’exploser.

Et puis, j’explose et je deviens souffre.

 

LE SOUFRE :

Quand je deviens soufre, je brûle, j’explose et j’irradie de chaleur et de lumière autour de moi.

Je parle, je ris, je pleure, je touche et j’agis.

Je n’absorbe plus le monde mais je le conquiers.

Je suis homme, je suis mâle et je séduis toutes les femmes.

Je suis le muscle, la force et l’action. Je suis le pouvoir et la volonté en érection.

Je donne, je prends et je décide.

Je brûle mon univers conquis et brille de toutes mes flammes tel un soleil.

Puis je me consume, je m’épuise, je me vide et je m’éteins.

Je m’écroule sur moi-même et absorbe mes propres cendres.

Je ne brûle plus, je n’éclaire plus, je ne parle plus et je me concentre à nouveau.

Je redeviens dense, de plus en plus dense.

Je redeviens le mercure.

 

STOOOP !

 

[MUSIQUE2  1min30, total 10min05)

 

 

 

LE SEL : (5min35, total 15min40)

 

Dans ce va-et-vient tour à tour concentrique et excentrique, je me disperse dans ce chaos bipolaire. J’éclate d’orgueil et de colère quand je suis le soufre. Je me replie dans un égoïsme exclusif quand je suis mercure.

Quand je ne suis que l’un ou l’autre, il me manque l’essentiel: le sel !

 

Si je m’en réfère à mon manuel, le sel est supposé représenter l’équilibre entre les deux forces symbolisées par le mercure et le soufre. Mais s’il ne s’agit que d’un équilibre, le sel ne serait qu’un point où ces deux forces s’annulent l’une l’autre. Où est l’intérêt ? Que symbolise le sel exactement pour moi. Pour le savoir, il me reste le plus difficile; devenir le sel.

 

Revenu dans un jour propice à une ch’tite méditation, je fais à nouveau le vide, je ferme les yeux et j’essaie de devenir le sel.

Je tente de ne plus être le mercure ou le soufre mais les deux à la fois.

J’ai du mal, je glisse de l’un à l’autre et après bien des efforts, je ne parviens qu’à devenir une sorte de mélange indigeste de ces deux éléments.

C’est l’échec. Ou plutôt, une série d’échec.

Finalement, j’en viens à la conclusion que le sel doit être autre chose qu’un mélange équilibré entre le soufre et le mercure. Il faut donc que je me concentre sur le sel, c’est à dire sur le composé et non sur les composants.

 

Pour en savoir plus, un petit retour à mes livres s’impose.

« Le soufre », écrit le frère O. Wirth, « correspond à l’énergie expansive qui part de tout être, son action s’oppose à celle du mercure qui pénètre toutes choses par une influence venant de l’extérieur. Ces deux forces antagonistes s’équilibrent dans le sel, principe de cristallisation, qui représente la partie stable de l’être ».

 J’en déduis que plus qu’un équilibre, le sel symbolise la stabilité, essentielle à la construction de tout édifice solide.

 

Amélie ANDRE-GEDALGE va plus loin : « C’est en apprenant (…) à les diriger énergiquement que l’initié peut arriver à harmoniser ces forces. Le symbolisme de la 7ème lame du Tarot, l’arcane du « Vainqueur » dirige d’une main ferme deux coursiers. L’un blanc tend vers la droite. L’autre noir vers la gauche. Leur maître les oblige à se diriger selon sa volonté dans la « Droite Voie », le « Chemin du Milieu ». Elle continue en comparant ce symbolisme maçonnique aux idées orientales touchant les trois « gounas » hindoue, les trois qualités inhérentes à la matière :

-          Tamas : l’inertie ;

-          Rajas : le mouvement ;

-          Sattva : l’harmonie.

Je suppose dans l’ordre, le mercure, le soufre et le sel. Elle ajoute enfin que l’on pourrait assimiler le sel à la Sophia des gnostiques – la Sagesse – que d’anciens écrits nomment « le sel de la terre ».

 

Permettez-moi une autre référence, Biblique cette fois.

Matthieu 5, 13-16 :

Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :

« Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ?

Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.

Vous êtes la lumière du monde.

 

Ces deux dernières références me permettent de compléter l’idée que je me fais du sel. A l’équilibre et la stabilité, je peux maintenant ajouter les notions d’harmonie, de sagesse et de lumière.

 

Si je récapitule, je peux définir ma conception du sel comme suit :

 

Le sel est l’équilibre de la synthèse des deux forces antagonistes qui génèrent mes intentions motivantes. C’est à ce point d’équilibre que je serai en harmonie avec moi-même et avec le monde. C’est aussi à ce point que je trouverai l’entrée de la voie du milieu qui me mènera vers la lumière. C’est le point de cristallisation des morceaux épars de moi-même qui me fait un. Avec l’aide du VITRIOL et, plus tard, du fil à plomb, je pourrai tracer sur ce point un axe vertical le long duquel je pourrai compléter mon développement personnel.

 

Flottant dans l’eau tiède de ma baignoire (c’est le seul endroit de la maison où je peux méditer tranquillement), je fais le vide et ferme les yeux à nouveau.

 

Je m’imagine un cristal de sel. Contrairement au soufre et au mercure, je ne suis pas ce cristal mais je l’observe. Il est stable et limpide. Il est à la fois dense et lumineux. Mieux que dense, ses molécules s’agencent de façon parfaite pour que, devenu translucide, il laisse la lumière le pénétrer.  Il peut à volonté refléter cette lumière pour éclairer une zone d’ombre ou la laisser le pénétrer et filtrer à travers lui. Il peut aussi, par effet de prisme, décomposer cette lumière dans toutes les couleurs. Il est plus que la somme des qualités du soufre et du mercure réunis. Il m’évoque la pureté d’un savoir et d’une sagesse infinie. Il est la beauté produit par l’équilibre de la synthèse. Il est le procédé alchimique qui réunit les morceaux épars de moi-même.

 

Il est le symbole de ce que Marcel Bol de Balle appelle la « reliance » dans son livre intitulé « Les Sept Piliers de la Sagesse Maçonnique ».

Il est le troisième élément qui ramène à l’unité.

 

 

[MUSIQUE3]

 

 

 

LE TRAVAIL : (5min30, total 21 min 10)

 

Le sel m’apparait tout à coup être une part importante de ce que je suis venu chercher ici parmi vous. C’est pour ça que je ne peux pas devenir ce symbole. C’est un objectif de travail sur moi.

 

L’équilibre de la synthèse, pfiou ! Plus facile à dire qu’à trouver…

 

Une phrase répétée à la fin de chaque tenue nous rappelle que le travail maçonnique continue en-dehors du temple.

Si je comprends cette phrase, le travail que je viens de faire n’aurait aucun intérêt s’il ne me permettait pas de m’améliorer ou, devrais-je dire, de travailler ma pierre. Pour mettre ce principe du sel en application dans ma vie de tous les jours, permettez-moi de prendre un exemple pratique et simple ; un bon vieux conflit de voisinage.

 

La météo belge du mois de juillet étant ce qu’elle à été, pourrie, ma pelouse en avait sournoisement profité pour pousser sauvagement pendant trois semaines. C’était dimanche mais il avait plus la veille et la météo annonçait le retour de la pluie pour le samedi suivant. C’est interdit mais je n’avais pas le choix ; il me fallait tondre cette saloperie. J’étais bien-sûr d’une humeur massacrante. En pleine action, alors que je me battais avec une touffe d’herbe au pied d’un buisson épineux, ma voisine, avec la mine d’un Bouledogue à qui j’aurai chipé son os,  vint me trouver pour me demander si j’étais au courant qu’il est interdit de tondre le dimanche. Evidemment que j’étais au courant ! Immédiatement, un débat interne commença. Ma première pulsion fut de la rabrouer par un virulent « Lâche-moi la grappe mémère et vas donc te prendre un laxatif ! ». Le soufre. C’eût été bien couillu et viril et j’aurais eu l’orgueil de lui avoir cloué le bec à cette bécasse. Mais les bonnes relations de voisinage en auraient quelque peu souffert. Et puis elle avait quand-même un peu raison. L’alternative était de feindre de ne pas l’avoir vue et de continuer benoîtement de tondre ma pelouse. J’en aurais rigolé sous cape de la voir s’égosiller toute seule à la clôture. Le mercure.

Et le sel dans tout ça ? Je fis alors, malgré ma mauvaise humeur, un effort surhumain pour ne pas l’envoyer se faire enc’ heu ... se faire cuire un œuf. Je coupai le moteur du « casus belli », respirai un grand coup et affrontai vaillamment la mégère qu’avait pourtant pas l’air commode. Je lui expliquai poliment que je comprenais son point de vue et que j’étais le premier à regretter de devoir tondre par un si beau dimanche mais qu’hélas, je n’avais pas le choix. Comme je la voyais s’en retourner frustrée de n’avoir pas obtenu gain de cause, je décidai de lui offrir le lendemain un ballotin de pralines pour la dédommager du désagrément subi. Petit le ballotin, hein, ce n’est jamais qu’une petite pelouse.

 

Ce jour là, grâce au sel, j’ai remporté une petite victoire. D’abord sur mon mauvais caractère et ensuite parce que j’ai pu comprendre ses motivations et les miennes et dégager une stratégie de sortie de conflit. Eviter la témérité ou la lâcheté pour atteindre un certain courage et l’authenticité. Mais il faut que je vous avoue que ce genre de victoire est encore plutôt rare. Il me reste encore beaucoup de travail sur ma pierre.

 

Quant au travail de reliance à soi, il commence probablement dans la confrontation avec mon passé.

Le sel m’aide à affronter mes souvenirs, mes échecs et mes ratés. Il me permet de faire le tri dans mes intentions et mes motivations profondes pour me construire un avenir. Entre la névrose de la culpabilité (le mercure) et l’exaltation du rêve utopique (le soufre), il m’aide à déceler mes véritables ambitions, celles qui construisent sur la fibre de la fierté et non celle de la vanité ou de l’orgueil. C’est un idéal bien-sûr, hélas encore loin de la réalité mais la porte d’entrée du chemin, de la voie du milieu se trouve quelque part par là.

 

D’ailleurs, ce principe alchimique m’est tellement utile dans la vie que pour le garder constamment à l’esprit je m’en suis gravé un bracelet qui ne me quitte pas.

 

CONCLUSION : (1 min, total 22min10)

 

Et si l’alchimie du sel appliqué à ma vie ce résumait en cette simple phrase : « Changer le changeable et accepter l’inchangeable » (Paul Diel) ? 

Abandonner mes fausses valorisations, mes fausses motivations et accepter mon passé.

Me pardonner à moi-même et éviter ainsi l’insoutenable traumatisme des rancœurs tout en acceptant ma responsabilité.

Atteindre ce niveau de « surconscience » (Paul Diel, toujours lui) qui m’épargnera l’illusion de la victime innocente pour affronter sans crainte mes peurs et mes faiblesses du vieil homme.

Rassembler et relier mes morceaux éparpillés et rebâtir sur une base stable et solide cet homme nouveau que j’aspire tant à devenir.

 

J’ai dit.

 

 

 

 



17/07/2012
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