Angoisses et calvaire du futur/nouveau papa
Jour 1:
Madame pousse un hurlement de joie et agite sous le nez du futur papa un bâtonnet. Le futur papa essaye de se réveiller et de comprendre la signification de la chose, n’y arrive pas, et pose la bête question « Qu’est-ce que c’est ce truc ? »
Madame un peu outrée mais toujours enthousiaste annonce théâtralement le futur évènement en guettant très attentivement la manifestation d’une grande joie chez le futur papa.
Ce dernier fait de son mieux alors qu’il pense déjà aux couches à changer, la future maman est contente.
2ème semaine :
Tout à son effervescence (entre deux crises de vomissement) Madame traine Monsieur dans un « Pré Maman » toute une après midi pour choisir le maxi-cosi, la poussette, la layette, etc. . Elle ne remarque pas l’air las de « futur papa » (faut qu’il s’y habitue) qui regrette de ne pas passer cette magnifique après-midi ensoleillée pour aller à la pêche, faire un tour à cheval ou en moto. « Ho ! Chéri, regarde ce pyjama comme c’est mignon ! » Le gars s’en cogne mais il s’extasie pour ne pas fâcher « future maman » (elle s’y est déjà très bien habituée). « Et la poussette, tu préfères la bleue ou la verte ? ». Qu’est-ce qu’il en a à secouer ? Il tente « la verte chérie » et Madame décide in-petto que la bleue est bien plus jolie. Là, il se dit qu’il serait vraiment mieux à cheval avec ses potes…
4ème semaine :
Visite chez le gynéco et première échographie. Là, le futur père de famille se rend compte que madame partage beaucoup de secrets avec son gynéco. Il est un peu étonné de cette intimité mais au fond il s’en fout. Puis vient l’image de l’échographie. Doc gynéco et « futur mère » s’extasient de concert. Monsieur « futur papa » scrute le moniteur où il finit par découvrir une tache parmi d’autres taches. Il est ravi et Madame est ravie qu’il soit ravi. En fait, Monsieur est quand même quelque peu contrit d’avoir loupé la finale de l’Euro pour contempler cette tache qui deviendra bientôt son futur rejeton.
8ème semaine :
Madame a enfin fini de gerber à tout bout de champ. Mais du coup, les hormones travaillant, elle a un appétit sexuel débordant. Monsieur est plus que comblé. En fait, il est sur les rotules et angoisse de ne pas « assurer ». Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’après les vaches grasses, il y a les maigres …
12ème semaine :
C’est un garçon ! « Presque papa » l’a appris à la deuxième séance d’échographie. Il est ravi d’avoir vu que la petite tache de la fois dernière ressemble maintenant à une espèce de crevette. Ya pas à dire, ça valait le coup de manquer le barbecue géant annuel de sa bande de copains. Le bon coté des choses, c’est que ça divise le nombre des prénoms potentiels par deux.
16ème semaine :
« Mets ta main sur mon ventre » dit-elle à « bientôt papa », tu sens ? Il a bougé. Monsieur est complètement dans le cirage, il est 2H du mat, il essaye de sentir quelque chose mais non, rien.
Bébé déjà très farceur se tient évidemment toujours peinard quand son géniteur tente de détecter sa présence dans le ventre de « presque-maman ». Bien entendu, cette opération se répétant nuit après nuit, plusieurs fois par nuit, « presque-papa » tente un bluffe « Ah ou, ça y est je l’ai senti ! ». Il n’a rien senti du tout mais comme ça fait une semaine que ses nuits sont massacrées, il tente le tout pour le tout pour pouvoir enfin dormir. Raté, Madame a senti qu’il n’a rien senti (elles sont douées pour ça) et qu’il tentait un mensonge pour être tranquille. Elle n’est pas contente du tout, lui reproche de ne pas s’intéresser à son propre enfant, de ne penser qu’à son petit confort, que s’il est comme ça, c’est à cause de sa mère qui l’a mal éduqué et qu’il devrait peut-être voir un psy pour apprendre à exprimer ses émotions. Monsieur se dit que ses nuits ne sont pas près de s’arranger.
20ème semaine :
Future maman s’arrondit et est très fière de son ventre rond. Le bon coté des choses, c’est qu’elle ne parle plus à Monsieur de ses abdos qui se relâchent.
Retour chez Pré Maman pour le renouvellement de la garde-robe de Madame. La présence de Monsieur est bien évidemment indispensable car Madame veut absolument qu’il donne son avis sur les robes de femmes enceintes, les caleçons longs extensibles et les salopettes spéciales « gros ventre ».
Le hic, c’est que justement, il n’en a aucun d’avis. Il se dit que de toute façon, ça sera comme pour la poussette et que « future maman » fera le contraire de ce qu’il dit. C’est à ce moment que Madame défile dans une écœurante robe ultra large à froufrous avec des grosses fleurs. Il s’extasie pensant ainsi éviter le pire mais contre toute attente, elle suit pour une fois son « avis ».
24ème semaine :
Il me semble que tu grossis dit « bientôt papa » à « bientôt maman ». Mais tu sais bien que c’est notre bébé qui grandit dans mon ventre s’insurge Madame, profondément outrée. Monsieur n’ose pas demander à Madame ce qui grandit dans ses fesses…
28ème semaine :
Madame n’est pas contente :
- Monsieur n’a pas fini de repeindre la chambre de bébé dans les délais. Lui se dit que rien ne presse et qu’il a encore deux mois mais il se tait. Il n’a pas encore été traité de père indigne aujourd’hui.
- Son gynéco l’a engueulée pour sa prise de poids excessive et elle met tout le monde au régime strict, même le chat! Monsieur est atterré par la perspective de brouter de la salade pendant les deux mois qui restent.
- La crèche n’a pas encore répondu à son courrier de la semaine précédente. Monsieur sent dans sa poche l’enveloppe qu’il a oublié de poster. Ca y est, il panique.
30ème semaine :
Encore une séance de gymnastique prénatale. « Quasi papa » a bien tenté d’argumenter qu’en aucun cas ce sera lui qui accouchera mais rien à faire ! Sa présence est indispensable. Le summum de la torture, c’est quand il a dû faire, lui aussi, la respiration dite « du petit chien » devant tout le monde. Jamais de sa vie il ne s’est senti aussi ridicule. Mais la paix du ménage est à ce prix.
34ème semaine :
« Maman d’un jour à l’autre » est énorme! Elle n’est plus à son aise ni debout, ni couchée ni assise. Monsieur compatit et se dit que c’est quand même mieux d’être un mec. Il est tout de même un peu inquiet. Elle marche comme un canard et si elle trébuche, elle va surement rouler jusqu’à la cuisine. Il tente un ultime mensonge «tu es ravissante ma chérie!». Madame lui sourit, incroyable, elle l’a cru !
38ème semaine :
C’est la quatrième fois qu’ils vont à la maternité en urgence cette semaine. Après trois fausses alertes, il n’y croit plus trop, surtout qu’il est 3 heures du matin et que c’est en avance (Il vient de finir de peindre la chambre hier). Mais cette fois, c’est la bonne. Bébé a un peu d’avance apparemment. Papa (hé oui, on y est ce coup ci) s’inquiète vraiment pour Maman (qui elle le sait bien car elle « rembourse ») qui change vraiment de couleur sous les contractions. Il se rue dans les couloirs et saute sur toute blouse blanche à sa portée pour qu’on secoure sa femme, la mère de son fils (Il commence à faire tilt). On essaie de le rassurer mais rien y fait. 4cm, col effacé, décrète la sage femme, on y va ! Ce coup-ci, c’est Papa qui se sent mal, Il a le trac.
Les contractions s’enchainent, la tête apparaît. On demande au Papa de venir voir mais ce dernier est consterné en voyant les ravages dans l’intimité de sa douce. Poussez ! dit le gynéco qui vient d’arriver. Papa s’en mêle et conseille à Maman de faire la respiration « du petit chien », c’est tout se dont il se souvient. Comme il insiste alors que Madame déguste grave et qu’elle ne peut plus parler, elle lui balance une claque en pleine poire. Comme ça, au moins, il participe.
Ca y est ! Bébé est là, sur le ventre de maman. Papa sent confusément que sa vie à définitivement changé. Puis on lui met le bébé dans ses bras et c’est à ce moment là qu’il comprend soudainement tout ce qui s’est passé pendant ces neuf derniers mois. Pourquoi la poussette bleue est plus belle que la verte, pourquoi la layette est plus importante que le foot et pourquoi c’était merveilleux de détecter les premiers mouvements de bébé dans le ventre de maman. Il est heureux, fier, se demande s’il pourra emmener son fils au prochain mondial de foot et se dit qu’il est le papa le plus heureux du monde. Par contre, il ne comprend toujours rien à la respiration « du petit chien » ni pourquoi il s’est pris une baffe.
Bébé est là !
Jour 1 :
De retour dans la chambre de la maternité, tout ce que les deux familles comporte d’engeance féminine défile aussitôt pour s’extasier devant le marmot et féliciter les parents.
Papa est confus, il n’y est pas encore pour grand-chose dans l’histoire. Encore que, la baffe, la respiration « du petit chien », la layette …
Enfin bref, tout le monde s’extasie : « Il a le front de sa maman ! » « Et le menton de tante Jeanne ! » «Et les oreilles d’oncle Georges ! »
« Et la queue, et le bec, aaalouette, gentille alouette ! » chante le papa dans sa tête.
Inquiet que son descendant soit le patchwork de toutes ces difformités familiales, il contemple attentivement le nouveau né et trouve qu’il ressemble … à personne en fait. Encore que si ! Avec sa grosse tête rougeaude toute fripée et ses cheveux blonds, il lui fait plutôt penser à Goldfinger. Comme par malheur le commentaire lui échappe, il se prend immédiatement l’hostilité de toute la belle famille et un regard chargé de reproches insondables de sa douce moitié.
A partir de ce moment là, il se contentera de sourire béatement en fermant sa gueule.
2ème semaine :
Bébé rentre à la maison.
Papa est tout fier ; la chambre de bébé est fin prête ! Le berceau avec les draps, la layette bien rangée, la table à langer, le coussin de la table à langer, la serviette du coussin de la table à langer. Tout y est, il a assuré sur ce coup là. C’est alors avec un profond désarroi qu’il voit maman et bébé pénétrer dans leur propre chambre. Pire, maman installe bébé dans le lit conjugal.
Quoi !!! Il n’est pas là depuis cinq minutes et ce mouflet se comporte déjà comme l’envahisseur de son nid d’amour ? Pas question. Monsieur se rebiffe (l’a tout de même pas préparé c’te p*tain de chambre pour rien), Madame insiste, papa reste inflexible (il sent confusément qu’il a intérêt à suivre son instinct sur ce coup là) et maman, mortifiée, fini par céder et installe le « casus belli » dans son propre berceau.
La revanche sera sanglante… (Cfr. Les vaches maigres).
3ème semaine :
Bébé a faim. Normal, mais le souci c’est qu’il a faim toutes les deux ou trois heures ce cochon là. Jusque là, l’allaitement maternel lui a épargné la corvée des gavages nocturnes mais maman n’est pas dupe de ses faux airs compatissants et trouve la parade: le tire-lait !
En donnant le premier biberon, il s’émerveille de la « descente » de son fiston, un atavisme paternel évident. Après le gavage, le rotage. Bébé délicatement posé sur son épaule, papa tapote le dos du fiston qui fini par éructer puissamment. Papa est presque jaloux de ne pas en réussir d’aussi beaux. De la chambre, il entend une voix ensommeillée lui dire : « tu n’as pas oublié de mettre une serviette sur ton épaule pour protéger ta nouvelle veste, j’espère» ? Il se passe la main sur l’épaule … et meeerde !
Ce qui entre d’un coté devant bien sortir de l’autre, papa affronte vaillamment (l’a pas le choix de toutes façons) l’épreuve de la table à langer. Dès qu’on lui enlève son lange et sous la stimulation de l’air frais, bébé, toujours aussi farceur, en profite pour arroser son Géniteur. S’il n’a que de vagues notions de physique, papa se demande quand même, vu la quantité évacuée dans son lange, comment le bébé n’est pas devenu plat comme une limande. De retour dans la chambre, fier de ses évidentes qualités de père modèle, Monsieur s’attend à un concert de louanges de la part de Madame. En fait, cette dernière se contente de grogner dans un demi sommeil « t’as déjà fini ? ». Désillusion.
2ème mois :
La victoire du premier jour de Monsieur est une victoire à la Pyrrhus et la revanche de Madame dont la libido est à -15 en dessous de zéro est effectivement sanglante. Bien qu’il prenne la situation avec philosophie, Monsieur n’en est pas moins homme et là, il a le « nez qui coule ».
3ème mois :
La panade ! On nage dedans. Papa-poule (hééé oui) donne la becquée à son goinfre de rejeton. Il lui présente pourtant bien la cuillère en prenant garde de viser juste. Mais rien y fait, le gamin s’en met jusqu’aux sourcils, sur le pyjama, la table, par terre, un massacre. Son nouveau gag, faire le brumisateur de panade. Seule parade efficace, faire manger le Sagouin tout nu (avec un lange quand même) et équipé d’un bavoir en plastique avec bac de récupération dans le bas. La première partie se puise dans le pot, puis le reste se récupère dans la rigole du bavoir.
6ème mois :
Bébé se tient enfin assis et, devenu gras comme un poussah, il trône au milieu de ses jouets comme un bouddha dans un resto chinois. Comme il commence à faire ses dents, il bave tellement qu’il mousse et fait des bulles comme une cannette de bière bien secouée. De plus, il mord, férocement tout ce que ses petites pognes parviennent à attraper. Le chat qui balançait sa queue aussi fièrement qu’imprudemment sous le nez du bambin en a fait la douloureuse expérience.
Depuis qu’il a adopté la position assise, bébé, grâce à de savantes contorsions et soubresauts, se déplace, lentement mais sûrement vers les objets de sa convoitise, c'est-à-dire tout et n’importe quoi. Panique générale !
Maman a surpris bébé en train de mâchouiller le câble d’alimentation du PC de papa. Lui, qui n’a pas coupé au « père indigne » une fois de plus, se dit que son PC était là avant le bébé mais pour s’épargner d’autres foudres matriarcales, il déménage tout son matos dans la cave, son ultime refuge … où il retrouve le chat.
11ème mois :
Cela fait déjà deux semaines que bébé apprend à marcher. Pour ce fait, le fiston confie ses deux mimines à son paternel qui, plié en deux, aide son rejeton à tenir l’équilibre. Magnifique tableau se dit la maman ravie. Le papa, au bord du lumbago, serre les dents et attend la trêve de la sieste. Maintenant ça y est, le fiston marche tout seul. Enfin, presque… Vu les gamelles qu’il se prend, le fiston en question fini par se mettre la gueule en trois épisodes. Bientôt il va s’écrier « Adrienne !!! » (réf. Rocky).
18ème mois :
Le fiston est un cochon. Ca fait au moins deux mois qu’on essaye de lui apprendre à être propre mais le bambin reste hermétique au concept. Il pisse et défèque complaisamment dans son froc sans même que l’opération ne le perturbe le moins du monde dans ces occupations. D’ailleurs, parlons-en de ses occupations ; faire de l’art moderne avec des crayons gras sur le mur du salon qu’on vient de repeindre, tirer sur tous les câbles pour voir ce qui tombe, vider les pots d’épice dans la cuisine, pisser (quand ce n’est que ça) dans le divan en tissu, fracasser la télécommande de la télé, …
Son imagination débordante et sa créativité ne semble pas connaître de limites. Ah si, quand il a tiré sur la prise du grille-pain et qu’il se l’est pris sur le coin de la gueule, ça l’a calmé au moins cinq minutes.
(suite à écrire)